« Once Upon A Time In America » de Sergio Leone


Regarder - La Caverne aux Miroirs / lundi, octobre 10th, 2005

Un film de Sergio Leone. Une courte critique de ce film que j’aime énormément.

C’est l’histoire de la vie de cet homme, Noodles. Le film débute avec son départ, ses rêves brisés à ces trentes et quelques ans j’imagine… son retour bien plus tard dans son quartier natal après 35 ans d’absence, c’est un vieil homme mélancolique, désabusée, calme… Il a été contacté par il ne sait pas qui… qui pourrait le contacter ?… Il a perdu tous ceux qui avaient pu être ces amis dans cette sombre banlieux de New York… Une vengeance à accomplir ?… Il est seulement curieux de savoir…

Visiblement sa vie s’étale lamentablement devant ses yeux ou plutôt sa non vie. Ce qu’il a raté. Il ne doit plus avoir grand chose à perdre encore. Un court dialogue entre cet homme fatigué et cet ami d’enfance qu’il a retrouvé représente bien toute l’absurdité et la lassitude de cet existence brisée :

Fat Moe : Qu’as-tu fais pendant ces 35 ans, Noodles ?
Noodles : Je me suis couchée tôt.

Sur ces lieux… il revoit sa jeune, jeune délinquant du Bronx, il revoit son amour fou pour son amie d’enfance, Deborah… le temps passe… de délinquant, il arrive dans la pègre… Amour, Passion, Amitié, Trahison, Vengeance, Désilusion, Opium… ? Et ce vieil homme face à sa vie manquée, volée, ratée…

Sans être un enfant de coeur, ce personnage est à la fois émouvant et pathétique, violent, rieur, mélancolique, cynique, désabusé, … Vieil homme las, jeune garçon un brin rêveur entrainé malgré lui dans la vie de rue, jeune adulte une fois de plus entrainé malgré lui dans une spirale de violence qui lui fera perdre le contrôle… et finalement tout perdre, lui qui quelques temps auparavant avant tout pour réussir sa vie… Quoique peut-être que tout le poid qui est sur ce personnage est justement de n’avoir jamais réussi à vivre « sa » vie, par lui-même et pour lui-même.

Il aura fallu plus de treize ans à Sergio Leone pour monter, réaliser et enfin léguer à l’histoire du septième art son œuvre testamentaire. Fresque monumentale s’étalant des années vingt à la fin des années soixante, Il était une fois en Amérique clos la trilogie légendaire du cinéaste italien de la manière la plus sombre et la plus amère qui soit. L’histoire de Noodles, petit voyou du Bronx propulsé caïd de la pègre, ressemble à une peinture nostalgique et désenchantée du rêve américain de puissance et de pouvoir en rupture avec les passions individuelles et les sentiments, un mythe à échelle humaine où se côtoient la poésie de l’enfance et la brutalité absurde du monde. Œuvre magistrale et crépusculaire magnifiée par la langueur mélancolique de la musique d’Ennio Morricone, ce film reste une incroyable réflexion sur le temps, sur les désillusions et les regrets d’une vie. Ce temps, justement, figure à part entière du récit savamment charpenté en flash-back, Sergio Leone se l’approprie avec une maîtrise inégalée pour en tirer toute sa substantifique moelle dramatique, apportant la profondeur à ses personnages magistralement interprétés par Robert De Niro, James Woods et Elizabeth Mc Govern. On ressort de Il était une fois en Amérique avec le sentiment d’avoir visité un temple ou parcouru les fines ciselures d’une sculpture massive et intemporelle, à l’image du pont de Brooklyn omniprésent ou du mausolée dans lequel Noodles/De Niro vient se recueillir.
Article d’Arnaud Caire

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