Une introduction au double lectorat

L’intertextualité fait partie intégrante de la littérature de jeunesse du XIXème siècle au XXIème siècle.  Toutefois, il y a quelques années encore, l’intertextualité n’était qu’un des phénomènes du double lectorat parmi le carnavalesque,  la métafiction et les jeux de langage. Le phénomène de l’intertextualité dans la littérature générale a été théorisé il y a une quarantaine d’années et plus tardivement dans l’album avec l’apparition de la notion d’intericonicité.

Les choses tendent à évoluer à mesure que la transmédiation se développe. Dès la fin du XXème siècle, les frontières entre la littérature de jeunesse et la littérature générale n’ont fait que s’amenuiser. À présent, l’intertextualité n’est plus seulement transartistique mais également transmédiatique. De plus en plus d’albums contiennent des caractéristiques du double lectorat et les auteurs et illustrateurs se servent de l’intertextualité avec plus ou moins d’habilité et de talent.

Sommaire

 Les catégories de Bettina Kümmerling-Meibauer (non publié)

Le rôle des adultes dans la création du double lectorat

Double lectorat : les jeux de langage

Le carnavalesque (protégé)

 

[singlepic id=558 w=320 h=240 float=right]L’intertextualité ne permet plus seulement la transmission d’un patrimoine culturel cher à l’auteur mais permet également de s’ancrer profondément dans le quotidien de ceux qui lisent l’ouvrage – grâce à la transmédiation. Les enfants comme les adultes vont se retrouver autour des mêmes livres, films et jeux. Cette communion des âges a plusieurs avantages : la transmission du savoir et le rassemblement des adultes et des enfants autour des mêmes univers.  Comme nous l’avons vu dans le chapitre sur la transmédiation, la face négative de ce double lectorat est l’infantilisation latente qui peut ressembler à une uniformisation qui tend à nier les spécificités des différents lectorats. C’est l’avènement du public familial, du tout public, du « all ».

De manière générale, le phénomène du double lectorat n’est pas neuf, on peut même dire qu’il est présent dans un grand nombre de classiques de la littérature de jeunesse. Ces mêmes classiques qui peuvent avoir été écrits pour un lectorat adulte à l’origine, tel que Les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas. Pour Isabelle Jan : « de tout temps, dès qu’ils (les enfants) ont su lire, ils se sont emparés de livres qui ne leur étaient pas destinés »[1].

Cependant cette situation peut également être inversée, c’est ce que l’on a pu constater avec le phénomène du cycle de J.K. Rowling, Harry Potter. Originellement destiné à la jeunesse, il va ensuite être édité dans des collections dites pour adultes.  Pour Catherine Renaud Buscall, l’intérêt critique pour le double lectorat coïncide avec le succès du cycle Harry Potter de J.K. Rowling et de la trilogie À la croisée des mondes de Philip Pullman. Ainsi, pour de nombreux critiques, les recherches concernant la nature du double lectorat débutent avec les aventures du petit sorcier.

Les premières études du double lectorat visaient à mettre en avant les oppositions entre la littérature générale et la littérature de jeunesse, elles ont été réalisées en Angleterre par des critiques, des journalistes et des chercheurs en 2003 lors d’un colloque à Roehampton : Book and Boundaries : Writers and their Audiences[2].  Pionnière dans ce domaine, Sandra Beckett  n’a pas attendu le succès d’Harry Potter pour rédiger, en 1999, un des premiers recueils d’articles sur le sujet, il fait aujourd’hui office de référence : Transcending boundaries: writing for a dual audience of children and adults[3].

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[1] JAN, Isabelle, La littérature enfantine dans Parmegiani,  C.-A. (dir.) Lectures, livres et bibliothèques pour enfants, Paris, Editions du cercle de la librairie, 1993, p. 25.

[2] PINSENT, Pat (dir.), Book and Boundaries : Writers and their Audiences, Roehempton, Pied  Pipper Publishing, 2004

[3] BECKETT, Sandra (dir.), Transcending Boundaries, writing a dual audience of children and adults, New York et Londres, Garland Publishing, 1999

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