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Le dragon de l'Elorn

Les histoires de dragons, gardiens de trésors ou terreurs d'une région et qu'auraient vaincus les saints et les chevaliers, sont nombreux en Bretagne. Sans parler du Morault dont triompha Tristan, du dragon que Gildas enchaîna lors de son arrivée dans la presqu'île de Ruys ; de celui que combattit Arthur et que terrassa Efflam ; du monstre à neuf têtes, qui habitait la grotte de Saint-Marc à Belle-Isle-en-Mer ; des serpents que noyèrent Tugdual de Tréguier et Saint Pol de Léon, voici le récit type pourrait-on dire, d'un combat livré et d'une victoire remportée sur l'un de ces monstres sans doute imaginaires, mais qui pouvaient être aussi les derniers représentants des grands sauriens disparus.
Deux chevaliers, Neventorius et Derrien, chevauchaient le long de la rivière de Dour-Doun, entre Pont-Christ et le château de Roch Morvan, dont les ruines imposantes se voient encore, à côté d'une délicieuse église, toute proche de la station même de la Roche-Maurice, un peu avant d'arriver à Landerneau.

Tout à coup, Neventorius et Derrien aperçurent, entre les créneaux des tours, le seigneur de Roch-Morvan qui se nommait Elorn. Ils le virent enjamber le parapet et se précipiter dans la rivière qui coulait au pied même du rocher, sur lequel était bâti son castel. C'est depuis que cette rivière a changé son nom de Dour-Doun (eau profonde) pour celui d'Elorn.

Les deux chevaliers, à toute bride, se portèrent au secours du malheureux seigneur. Ils le tirèrent, quelque peu blessé, hors de l'eau et le transportèrent dans sa demeure.

Neventorius demanda à Elorn les causes de son acte désespéré et celui-ci lui répondit :

- Sachez, chevalier, que tout près de chez moi gîte un épouvantable dragon qui dévore gens et bêtes. Dès que la faim le fait sortir de son repaire, il cause dans le pays des ravages irréparables. Or, le roi Bristokus, mon suzerain, a, par édit, décidé que, chaque mercredi, on demanderait au sort de choisir, parmi les seigneurs du Léon, celui qui devra envoyer un homme pour être dévoré par cette cruelle bête, ou y aller lui-même. Or, ce sort est tombé sur moi tant de fois que j'ai livré tout mon monde. Il ne reste plus que ma femme que voici et mon fils, Riek, ce petit enfant qu'elle tient entre ses bras, âgé seulement de deux ans, que le sort vient de désigner. Je préfère me noyer que de le livrer à une mort aussi terrible.
Le seigneur Elorn était païen. Neventorius et Derrien lui promirent, s'il se convertissait et s'engageait à construire une église sur ses terres, qu'ils le délivreraient à tout jamais de son dangereux voisin. Elorn leur donna l'assurance qu'il se sentait tout prêt à partager leur foi.

Les deux chevaliers se rendirent à la caverne du dragon. Ils lui firent, au nom du Christ, commandement de paraître. Le monstre sortit et son sifflement effroyable jeta l'épouvante parmi les assistants. Il était long de cinq toises et gros par le corps comme un cheval ; sa tête ressemblait à celle d'un coq gigantesque, son corps était cuirassé de dures écailles qui se hérissaient, sa gueule s'ouvrait si grande que, d'une seule bouchée, il avalait une brebis, ses yeux lançaient des éclairs qui tuaient les oiseaux et les enfants. A sa vue, Derrien mit pied à terre. Son cheval, pris de peur, s'échappa et courut à toute bride à travers le pays.
Neventorius et Derrien, sans hésiter, s'avancèrent au devant du dragon qui, n'osant plus bouger, se laissa approcher et passer un licol. L'enfant Riek le prit alors par la bride et le conduisit au château.

Les chevaliers et le comte Elorn se rendirent chez le roi Bristokus avec leur capture, puis à Tolente où habitait le prince Jugomus, et, enfin en un hâvre voisin où leur navire se trouvait à l'ancre. Là, ils commandèrent au dragon de se jeter à la mer. Ce qu'il fit. Depuis ce port s'est appelé Poulbeunzual, c'est-à-dire port où fut noyé la bête, nom qu'il porte encore, en la commune de Plounéour-Trez.
Si les premiers habitants de la Bretagne qui débarquèrent d'outre-manche, s'établirent sur les côtes donnant lieu à toutes sortes de croyances et de récits fantastiques, beaucoup d'entre-eux gagnèrent également les terres, alors recouvertes d'une épaisse végétation. Ils baptisèrent l'endroit, Argoat, le pays des bois.

En ce temps-là, Brocéliande, la forêt enchantée, témoin magnifique des hauts-faits du roi Arthur, de Merlin l'enchanteur, et de ses chevaliers de la table ronde, s'étendait encore de l'actuelle forêt du Cranou à la plus connue forêt de Paimpont mais ses glorieux habitants de jadis commençaient déjà à être remplacés dans le coeur des hommes par un nombre toujours croissant de saints aux miracles de nos jours toujours contés.

C'est dans un voyage vers les légendes de ces contrées que le site An Arvorig vous propose dès à présent d'embarquer..


 

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