La jeune fille se jeta aux pieds de ses ravisseurs. Ceux-ci l'avaient conduite au plus profond de la forêt, liée sur un cheval, puis ils l'avaient fait descendre de sa monture, rudement. Ils s'apprêtaient à la tuer...
Était-elle venue de si loin pour mourir là, comme un pauvre animal ?a jeune fille s'appelait Berthe. Fille du roi de Hongrie et de Blanchefleur, elle avait quitté son pays pour venir épouser Pépin le Bref, roi des Francs. Mais elle avait été enlevée sur les ordres de sa propre servante, Aliste, qui avait pris sa place. En ce pays étranger, nul ne connaissait Berthe, et de plus les deux jeunes filles se ressemblaient.Pour être sûre de ne jamais être découverte, Aliste avait donné l'ordre de tuer sa maîtresse...
Les années passèrent. Aliste dévint une reine insolente et avare, détestée de son peuple. Elle mit au monde deux fils, heudri et Lanfroid, ambitieux et cruels. un jour on annonça l'arrivée de Blanchefleur, mère de la vraie Berthe. Prise de panique, Aliste se déclara malade et s'enferma dans sa chambre. En vain, car Blanchefleur, intriguée par la mauvaise réputation dont semblait souffrir la reine, exigea de la voir: et Aliste fu démasquée! pour preuve de ses dires, Blanchefleur révéla alors que sa fille Berthe n'avait pas les deux pieds de la même taille, défaut qui ne se retrouvait pas chez Aliste.
Contrainte aux aveux, la fausse reine dénonça ses complices. L'un d'eux avoua qu'il avait laissé la vie sauve à Berthe. Apitoyé par ses larmes, il s'était contenté de l'abandonner dans la forêt. Les recherches entreprises restèrent vaines. Pourtant, beaucoup plus tard, Pépin retrouvra enfin Berthe, au cours d'une partie de chasse en forêt du Maine. Pendant huit ans, elle avait partagé l'humble existence de bûcherons qui l'avaient recuellie.
Charles était le premier fils de Berthe et de Pépin. Dés son enfance, il vécut d'éxeptionelles adventures. Tout d'abord ses demi-frères Heudri et Lanfroid essayent de l'assassiner. Avec l'aide d'un fidèle serviteur, Charles reussit à s'enfuir. Il gagna Tolède, en Espagne, où il se cacha parmi les païens. Plusieurs années plus après, il entra au service de l'émir Galafre, qui l'arma chevalier. Galafre était alors en butte aux attaques d'un autre émir. Charles l'en débarrassa d'un coup du tranchant de "Joyeuse", sa merveilleuse épée.
Cette arme était un cadeau de sa fiancée, Galienne fille de Galafre. Un jour en consultant un miroir magique, elle y découvrit que son frère Marsile, jaloux de l'influence de Charles, préparait une embuscade contre ce dernier. Prévenu, Charles retourna le piège contre Marsile et épousera ensuit Gallienne. Ayant dévoilé sa véritable identité, il regagna le royame des Francs. Là, il se vengea de ses demi-frères et put enfin ceindre la couronne royale, victoire, hélas, endeuillée, par la mort de Galienne.
Charles devint Charlemagne. Il était d'une stature colossale. Ses colères étaient terribles: d'un simple regard il foudroya un évêque! On le disait capable de soulever un chevalier en armes ou de briser entre ses mains trois ou quatre fers à cheval. Quand il se lançait à l'assaut des ennemis, la nuit s'éclairait de la splendeur de ses armes. Á son approche les félons tombaient, inanimés. Son palais d'Aix-la-Chapelle passait pour le plus magnifique de toute la Chrétienté. Il y recevait les ambassadeurs, assis sur un trône d'ivoire et d'or pur.
On racontait que Dieu avait offert à l'Empereur la source d'eau chaude qui jaillissait dans la cité. Au cours de son régne, il combattit sans relâche les païens, qu'ils fussent Sarrasins ou Saxons. Une nuit, saint Jacques se montra à Charlemagne: lui désignant la Voie lactée comme guide céleste, l'apôtre le somma de délivrer les routes de Compostelle. Par miracle encore, lors de sa première expédition en Italie, l'armée franque fut guidée à travers les Alpes par un magnifique cerf blanc.
Depuis cinq ans son armé assiegeait une ville: persuadé que les habitants n'avaient plus de vivres, l'Empereur croyait tenir la victoire quand, du haut des remparts, les assiégés lancèrent la carcasse d'un porc farcie de céréales. De dépis, l'armée franque plia bagages. Une habitante de la ville, Dame Carcas, avait imaginé cette ruse, car il n'y avait plus rien à manger dans les murs! Du haut d'une tour, Dame Carcas salua l'armée en retraite tandis que les cloches sonnaient à toute volée. En souvenir de ce stratagème pour lequel il ne cacha pas son admiration, Charlemagne décida que la cité porterait désormais le nom Carcasonne.
Celui qui devint "Empereur à la Barbe Fleurie" repose à Aix-la-Chapelle. Peut-être l'archange Gabriel veille-t-il sur son sommeil éternel, comme il faisait, chaque nuit, du vivant de l'Empereur.
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