Légendes et mythologies

Mythologies et légendes sont peuplées d'hommes dont l'apparence intègre le loup. De filiation en métaphore, c'est la noblesse du loup que l'on s'approprie. Les ancêtres de l'homme moderne étaient des chasseurs dont les techniques étaient semblables à celle des loups pour chasser et pour survivre et le rôle tenu par le loup fut important dans la culture, les croyances et la mythologie des différentes civilisations qui se succédèrent.

Le jour et la nuit, la vie et la mort sont les étapes d'un processus cyclique dans lequel le loup tient une place fondamentale. Symbole de lumière, il est aussi principe de fécondité.
Le loup est déifié, honoré, adulé dans toutes les civilisations qui sont à l'origine de la culture européenne.

Hadès, le maître du séjour souterrain porte un manteau en peau de loup et le dieu étrusque de la mort est affublé d'oreilles de loup.

Dans le Rig-Veda (un recueil sacré d'Inde), le loup dévore la caille, représentation de la lumière. C'est la référence au soleil : le loup est le guide des vivants et des morts, mais le conducteur du soleil. Le loup était l'initiateur et sa gueule, la porte qu'empruntaient les initiés et les héros pour mourir et renaître, comme le soleil.

En Egypte Oupouaout, le dieu à la tête de loup est celui qui ouvre les chemins. On va même lui ériger une cité : Lycopolis.

En Asie, l'ancêtre mythique de Gengis Khan, le Loup bleu établit par son union avec la Biche Blanche le lien entre le ciel et la terre et si un chasseur mongol abat un loup, il n'omettra pas de lui rendre hommage ni de détruire l'arme qui a porté le coup fatal.

Dans la sagesse inuit, le Caribou et le loup sont unis car le caribou nourrit le loup (les maigres et les malades sont mangés par le loup) et c'est donc le loup qui maintient le caribou en bonne santé.

Et les populations indiennes d'Amérique pratiquaient la danse du loup où les plus jeunes étaient initiés avant la pleine lune du solstice d'hiver.

Plus proche de notre culture, le temple d'Apollon dans la Grèce antique était entouré d'un bois sacré : le Lukaion, domaine divin réservé au loup. Aristote y enseigna et de là viendrait l'appellation des écoles d'enseignement secondaires actuelles : les lycées!

Romulus et Remus seront abreuvés du lait de lupa et ce sera la naissance de Rome.
Rome justement où le culte romain du loup serait attribué à leurs voisins et ennemis : les Sabins. Chasseurs dans l'âme, les Sabins adorent Canis lupus à la façon des peuplades germaniques. Ils le surnomment kirpi et forment une confrérie d'hommes?loups, à la fois guerriers vaillants et sages en temps de paix.

Dans la Mythologie scandinave Fenrir est un loup gigantesque qui doit détruire le monde et engloutir la terre d'un coup de gueule. Mais Fenrir n'est pas qu'acteur de la destruction, il est en même temps auteur de la régénération du monde : dans un temps vécu comme cyclique, le loup incarne sous les traits de Fenrir la dissolution et sous le nom de Gère et Freke (les chiens d'Odin), il représente la valeur du guerrier.

On voit ici l'interaction entre les croyances populaires et les façons de vivre. Ces diversités régionales sont importantes quant à l'extermination ou non des loups.
Les Lapons, qui pendant des siècles ont manifesté une admiration profonde envers les loups, changèrent radicalement d'attitude dès qu'ils abandonnèrent leurs activités de chasse pour se consacrer à l'élevage du renne.

Les Daces, premier peuple connu entre le Dnietr et le Danube, se seraient à l'origine appellés Daoï, c'est?à?dire les loups. Et l'ancestrale tradition roumaine est demeurée intacte jusqu'à maintenant. Le loup n'a jamais totalement disparu de Roumanie et y prospère encore à l'heure actuelle. Dans les légendes roumaines, c'est un adversaire redouté mais pas haï, car il est "l'esprit" de la forêt. Le récit suivant illustre parfaitement le rôle assigné au loup.

Saint Pierre possédait de magnifiques chevaux noirs que le coucou vola et emporta au plus profond de la forêt. Saint Pierre, soupçonnant le coucou, invoqua Dieu afin d'obtenir des chiens vigoureux capables de l'aider à récupérer son bien et Dieu lui procura des loups. Et depuis les loups ont la réputation d'être les chiens de St Pierre.

II faut faire la part des choses entre la peur d'un danger réel (rage, dégâts sur les troupeaux) qui peut conduire à éliminer ce danger, et le développement d'une véritable hystérie qui voue aux gémonies une espèce tout entière.

Avec le temps, le grand méchant loup perd du terrain au profit d'un nouveau personnage qui se dégage des études scientifiques : un prédateur gestionnaire, suppléant de l'homme.
L'évolution de notre attitude est liée à l'histoire de notre culture.
Au XIXesiècle, lorsque l'homme européen découvrira l'Amérique, il reproduira ses comportements envers le loup dans le nouveau monde : le loup, obstacle au progrès, sera associé aux nouveaux ennemis qui eux, vénèrent le loup : les Indiens.
Mais le loup fait aussi une carrière politique et la métaphore avec des dirigeants belliqueux est loin d'être éteinte.

L'animal étant considéré comme un maître absolu dans sa meute, son rôle de prédateur peut être rapproché du goût pour la guerre des chefs de gouvernements dictatoriaux.
La seconde guerre mondiale vit resurgir la description caricaturale.
Des auteurs français représentèrent Hitler sous les traits d'un loup gris entouré de sa horde (La bête est morte, B.D. de Calvo45). Aux EtatsUnis, Tex Avery réalisa à la demande officielle du Pentagone une superbe caricature du personnage (Blitz Wolf, dessin animé de 1942). Mais Hitler, nourri de mythologie germanique, n'avait pas attendu les caricaturistes pour se faire appeler OncleWolf et baptiser son quartier général Wolfschantze (Le repaire du loup)!

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